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Sud Ouest
06h00 | Mise à jour : 12h15
Par Benjamin Deudon
Aurillac - La Rochelle : un quart à balles réelles
Dans le Cantal depuis jeudi, les Jaune et Noir ont une très grosse pression.
La dernière titularisation de Steeve Barry remonte à la venue de Carcassonne, en octobre. (Photo Xavier léoty)
Loin d'être réputé pour être un sport de poète, le rugby et en particulier le Stade Rochelais, cette saison, auraient pu inspirer Nicolas Boileau. « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage », écrivait-il en 1674, dans le Chant 1 de son « Art poétique ». Au cours de leur mise au vert, débutée jeudi dans le Cantal, les Jaune et Noir ne se sont certainement pas inspiré des poésies françaises de la Renaissance. Mais on le fera à leur place en écrivant que faute de constance, c'est trente fois sur le terrain qu'ils devront donc remettre leur ouvrage dans ce championnat de Pro D2.
Car le parcours de cet exercice 2011-2012 suit la courbe de montagnes russes. Et alors que ses concurrents pour les demi-finales semblent s'appuyer sur des certitudes un peu plus solides au moment de franchir la ligne d'arrivée, le Stade Rochelais, encore une fois, devra repartir, sinon de zéro, du moins de très loin en terme de confiance.
Tournés vers l'avant
Face à Pau, le 22 avril dernier, le club de la cité portuaire avait vaincu la pression en même temps qu'il venait à bout de Palois déterminés. Mais la sévère défaite enregistrée à Grenoble (35-3) une semaine auparavant avait malgré tout laissé des traces. Que dire, trois semaines plus tard, après un autre revers, subi cette fois chez le 10e de Pro D2, Aix-en-Provence (31-17) ? Les entraîneurs et les joueurs ont pris plusieurs mesures (notre édition d'hier) pour, sinon faire table rase du passé, du moins arrêter de regarder dans le rétroviseur et se tourner uniquement vers l'avant.
Lundi, face à quatre lecteurs de « Sud Ouest », Patrice Collazo déclarait : « Là, il nous reste au pire un match, au mieux, trois. Il faut chasser le doute et croire dans le système. » C'est tout l'enjeu pour des joueurs qui, pour la plupart, ont déjà su renverser l'ordre des choses à l'extérieur.
C'était à Oyonnax, il y a deux saisons. Les Rochelais, déjà qualifiés pour la suite, avaient créé la sensation en s'imposant dans l'Ain, sur un terrain inviolé depuis plus de deux ans, obtenant ainsi le droit de recevoir leur adversaire du jour en demi-finale. Cette saison, la situation est tout autre.
La qualification loin d'être en poche, les Maritimes se déplacent chez le premier non relégable de Pro D2, une équipe qui s'est déjà inclinée trois fois cette saison (face à Oyonnax, Pau et Auch) sur son terrain. Oui mais voilà, alors qu'en 2010-2011, La Rochelle comptait déjà six victoires hors de ses bases, cette saison, elle en recense moitié moins.
« Recollé les morceaux »
C'est dire si l'incertitude plane au-dessus d'un quart de finale disputé à balles réelles. En cas de défaite à zéro point, l'ASR se retrouverait sous la menace d'une victoire bonifiée de Carcassonne, ce qui paraît parfaitement jouable pour les Audois, dans leur stade, face à Béziers, d'ores et déjà relégué en Fédérale 1. Ce qui signifierait une élimination pure et simple. « On a tellement fait de "désexploits" - je ne sais pas si ça se dit (sourire) - à l'extérieur qu'on peut très bien réussir un exploit. On est capable de tout, mais on a passé plus de 10 journées en position de qualifiable, ce serait dommage d'être le dindon de la farce », prévient l'Auvergnat Fabrice Ribeyrolles. Un euphémisme tant le technicien des lignes arrières, ancien capitaine des Cantaliens, collectionne déjà nombre de regrets cette saison.
« On ne veut pas en avoir plus. Ce n'est jamais agréable de prendre 30 points, d'être ridicule. Après Aix, certains propos ont été dits, peut-être trop tard… Mais le groupe est plein d'enthousiasme, a envie de bien terminer. On compte beaucoup sur cet état d'esprit de compétiteur. Resserrer le groupe permet de moins diluer le discours, les joueurs se parlent plus, les regards se croisent plus… ça motive les leaders. »
« On a recollé les morceaux après le match à Aix, puis dégagé le groupe le plus à même de préparer celui contre Aurillac, précise Patrice Collazo. Les joueurs sont plus concentrés, plus impliqués. C'est à eux de prendre le pouvoir. Nous n'avons pas un esprit commando, mais nous avions envie de passer du temps ensemble. […] Ce match, c'est un quart de finale. On ne peut pas le subir, sinon on passe au travers. Samedi (ce soir), soit la saison continue, soit elle s'arrête. Mais on veut montrer un visage digne des valeurs du Stade Rochelais. »
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